Le Troisième Type / Sur Ecoute
Appel impromptu : conversation qui se noue, rencontre de deux garçons écrivant, pour un écrit peut-être vain, divin. L’attraction est réelle, plurielle et s’invente à mesure que les mots défilent, s’enfilent comme des perles. Derrière cela (et toujours derrière, c’est plus coquin, c’est plus « mystère ») un monstre s’invite : une respiration étrange s’immisce entre les silences, déforme la sonorité de certains mots qui enchantent : la respiration d’un tiers. Quelqu’un, semble-t-il, nous écoute. Quelqu’un, quelque part. Comme au temps jadis en faculté, dans la résidence universitaire, notre téléphone adoré qui, lorsque l’on devisait avec nos proches au lointain, nous laissait penser que nous étions sur écoute en permanence : un grésillement, une présence, trahissait un troisième larron. Concierge omniscient, marionnette d’Interpol ou popol lactescent en orbite sur la voie lactée ? Le mystère reste entier. Nous écrivons souvent des codes, par SMS, pour parler de sexe, de drogue, de confessions qui touchent au crime mais par téléphone fixe, avons-nous justement cette idée de travestir la réalité pour la rendre méconnaissable, insaisissable ? Qui traquerait cette affable Caroline qui, de fête en fête, disparaît avec la constance des dames blanches ? Un esprit éclairé prétendrait que ce monstre écoutant nos sémillantes conversations n’est autre qu’un mouvement de conscience qui prend corps dans la matière pour mieux s’emparer de notre esprit : c’est le son du péché qui vitupère et serpente ad nauseum pour effrayer l’âme, ou ce qu’il en reste.
240614.1
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» Concierge omniscient, marionnette d’Interpol ou popol lactescent en orbite sur la voie lactée ? » ==> J’ai souris.
C’est assez terrifiant. Je ne vais plus oser communiquer. Quel monde horrible quand on y pense. Autrement, le texte s’écoule limpide et beau, comme d’ordinaire.