Transrelatif
Mon oncle a épousé la cousine germaine de son beau frère décédé, cousine duquel il a divorcé pour se mettre en concubinage avec la sœur de sa domestique, qu’il a laissé tomber pour épouser sa mère, qui s’est révélée être sa cousine par alliance suite à un malencontreux inversement de naissance dans un hôpital pas très catholique, suspecté par ailleurs de trafic d’organes.
Ils ont acheté une superbe villa dans l’Ardèche qu’ils ont revendue pour acquérir deux appartements, l’un dans les Alpes, l’autre au bord de la Méditerranée, puis, personne ne sait pourquoi, ils sont partis vivre en Inde, pour prier Vishnou. Ils ne sont jamais revenus.
Enfant, je vivais dans ces deux appartements, selon les saisons, avec mon père et ma mère, qui se déchiraient souvent « pour des histoires d’adultes ». Ma mère, une salope acariâtre, a choisi de refaire sa vie avec un jeune étudiant serbe rencontré à une manifestation du parti socialiste. Il vient me toucher parfois, le soir, quand je monte les voir à Paris et personne n’y trouve à redire. Alors, quand mon père a changé de sexe pour devenir ma mère, j’ai trouvé ça normal.
Texte : l’opération a eu lieu le 26 juin 2012.
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :
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