Socket Fever
Je possède cette paire de chaussettes étrange qui, lorsque je la glisse sur mes pieds, fait le bruit curieux des paquets de bonbons qui s’ouvrent, dans les cinémas, le dimanche, dernière séance, quand il n’y a plus personne ou presque pour savourer des fictions sirupeuses : petits supplices chinois qui se débrident dans l’horizon noirci.
Parfois je pense qu’elle pleure que d’être portée, qu’elle ne désire pas voir le monde mais rester planquée au milieu de ses pairs, dans les tréfonds d’un tiroir, son organisation secrète : c’est bien commode, dans le noir, de s’acoquiner à d’autres chaussettes moins bavardes qui préfèrent, elles, l’usage de la promenade, pour trouver chaussure à ce pied qui les fait exister.
On dit que les opposés s’attirent et pourtant les chaussettes vont souvent par deux. Vous comprenez ?
Texte sorti du placard le 22 juillet 2012
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :
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