Salope
Salope, retrousse ta jupe, tu affoles le troupeau.
Salope, où vas-tu ? Chercher un macho comme tu les aimes, un cent pour cent pur beurre / un as des sans cœur qui te fera beaucoup de mal ?
Salope, ils te suivent et tu penses que c’est ton parfum : chamelle 5. Laisse ton orgueil au fin fond d’une impasse où tu finiras en guenilles dans une cave, un filet de sang entre les jambes.
Eh, toi là bas, salope qu’espères-tu, que le vigil illettré des galeries Lalayette te laissera partir avec cette lingerie fine grassement volée contre ton numéro de téléphone tombé du camion ?
Petite salope, regarde la mer, et essaye de penser qu’elle pourrait t’emporter à jamais avec elle : ne pense plus que c’est une piscine géante dans laquelle tu peux flotter comme une sirène, uriner à loisir, couler des jours heureux. Le temps ne t’appartient pas plus, ni les hommes, ni ce monde qui semble tien.
Comprendras-tu un jour, chère salope, que les pompiers ne sont pas des usines à fantasmes ni les concurrents directs des flics qui portent des couleurs chaudes pour affoler les femmes et les racailles : ne rigole plus, salope, quand on les caillasse.
Salope, ne toise plus le mendiant aux dents pourries qui t’importune un centième de secondes pour te demander l’aumône : un centième de l’argent de que tu dérobes en secret sur ton lieu de travail, accusant les stagiaires en qui, visiblement, on ne peut pas avoir la moindre confiance, et dont tu te fais l’avocate : grisant pouvoir que celui-ci.
Salope, toi qui te sens si importante, gonflée d’orgueil et de désirs cupides, essaye de te glisser dans la peau d’une autre qui n’a pas le tiers de ta satanée chance : imagine-toi en souillon, affublée d’une beauté de phacochère, le genre de fille qu’on ignore totalement, si ce n’est pour la diminuer à l’envi, les jours d’ennui, ou pour lui demander des services invraissemblables, qu’elle acceptera forcément. La laideur est la porte de toutes les servitudes.
Mais, dis voir, Salope, qu’en est-il de la beauté de ton âme, de la vivacité de ton esprit, de ta présumée intelligence qui te place au-dessus de tout ? J’ai bien peur qu’il ne s’agisse que d’un trou profond, d’un vagin émotionnel flanqué de mycoses purulentes qu’il est préférable d’ignorer, pour avoir la conscience tranquille. C’est vrai que tu dors plutôt bien, salope.
Ma chère salope, déjà vieille et rampante face à ce système qui t’a corrompue, princesse de pacotille enfantée par des parents lamentables et peu concernés, avoir ce grade te comble-t-il ? Et à quoi bon ?
Tu évolues ainsi dans ce monde de putes sans connaissance aucune des conséquences sur le long terme, abdiquant face au futur qui n’aura jamais l’importance du présent, un présent dans lequel tu penses irradier, telle une supernova, en unique star de ton propre empire.
Ton karma – une invention qui te fait sourire – s’approche dangereusement de celui des inquisiteurs, des suppôts grouillants au pied des pires dictateurs – ou comment finir cloporte à jamais quand on l’est déjà entièrement.
Texte éjaculé le 20 novembre 2012
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :
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