Robert en Canicule
Dimanche, la douche. Fraîche, froide, l’eau se déverse sur tes fesses, sur ta peau roide, en ce long fleuve tranquille : une chute d’un rien, le paradis qui s’invite, à ton insu.
Bouffée de chaleur, hâle, voile du malheur : la chaleur éprouvante ne t’émeut plus désormais. Libre, tu respires enfin. La nostalgie de tes 20 ans s’imprime en toi comme un parfum sur un tissu.
Ta peau respire, ton corps s’inspire de ce printemps perdu qui revient par vagues, stances émotives : c’est l’impulsion face à l’émail franc qui renvoie, opalescence diaprée, des ombres d’Anges.
Tu songes, loin des frasques de ton éponge rose et bariolée, oursin doux et dentelé, à ces courses dans les champs, ces sourires dans les blés qu’allumait le soleil orange du crépuscule. Saison des amours, saison de toujours.
Tournesols émouvants, dos contre ventre et toujours charmants, avant de rejoindre la béance crépusculaire des femmes, le corps sucré par l’amour et les astres. Mais ce furent, malgré les gouffres spongieux, les plus belles années de ta vie.
Tu repenses avec émotion aux visages lisses de tes amants : ces hommes aux visages d’enfants te transportent en cortège jusqu’à la lumière blanche quand tu t’écroules, ébranlé à jamais, dans la nacre liquoreuse du testament.
Texte pondu le 15 juin 2014
Miam. Un texte à déguster à la petite cuillère. Je l’ai beaucoup aimé. Que dis-je, je l’aime beaucoup. Tu m’as même appris un mot, « roide ». Merci.