Post Coït, les Prémisses de la Haine
Je l’entends respirer par delà la cloison, comme un porc entêté dont la lèvre se suspend au mortifère bâton de nicotine. Je sais qu’ensuite, par amour de l’habitude, il promènera ses doigts tordus et odorants sur la surface adipeuse de ma peau qu’il colonisera, un afflux de sang ; j’en oublie peu à peu chacun de mes serments, ces promesses ensoleillées qui scellent la fiction que s’inventent les amants, lorsqu’ils se découvrent, alors que tout semble encore fabuleux, nébuleux.
En moi, désormais, se dessinent quelques révolutions inédites, de petits soubresauts mélancoliques, une bile plus amère que noire, cependant. Le drapeau du spleen serait-il blanc ? Mérite-t-il d’être cassé, comme parfois les drapées, après l’amour, imprégnés des corps encore délassés, marinés dans leurs fluides, assaisonnant le silence qui signe enfin la mort des corps amoureux, la fin d’un semblant de guerre, un duel incessant qui sent le pacte avec le diable, la scission momentanée du ying et du yang en deux gouttes de sperme, et de sang ?
Comme un chasseur va, par le sentier obscur, traquer sa proie au plus profond de la nuit, j’observe cette quiétude qui s’imprime sur ton corps flaccide, avant nos départs ; je rêve un instant d’une mort placide, languide, escorté par le chant acide d’une sirène languide : comme je me plais, parfois, à rêver d’un monde merveilleux avec toi, à te trouver cette perfection que j’imaginais autrefois !
Or, tu titubes encore et encore dans les vapeurs d’alcool. Quand je t’écris un poème, tu t’acharnes, pour le drame, à passer l’aspirateur et m’imposer ces capharnaüms sonores qui ne s’écoutent pas, ces tapages diurnes et décérébrés qui ordonnent au corps de danser et précipitent en germes les douleurs écœurantes d’un parfum d’infidélité.
Texte craché le 26 mars 2012
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :
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