Tu sais tout du silence létal qui précède l’Idiotie, des mots qui, jaillis en trombe des entrailles comme des insectes fous, rongent la moelle des relations, précipitent les sentiments les plus nobles dans ces tombes de silences profonds qui sentent l’Adieu plein les narines – alors, chéri(e), je te prierai, cette fois-ci, de fermer ta gueule.
Tu sais parfois comme on s’emporte, un coup de vent, une rafale de balles ; et voilà que trépassent les corps amoureux. On a pas le temps de retenir son souffle que déjà la bouche est grande ouverte, et vitupère : des vérités abruptes lancées comme des poignards sur une bimbo écartelée se plantent en plein cœur et, avouons-le, ça fait mal. A peine tu répliques que tu meures. Boom !
Ces fulgurances, quoi qu’il en soit, rassurons-nous, ne sont pas les nôtres. Elles nous atteignent au centième de l’émotion, quand sombre l’heure où l’amour palpite en organe menaçant d’exploser, que, délicats, s’implantent en nous, comme une puce martienne, un cortège d’idées saisissantes qui nous poussent au drame avec cette sauvage volupté qui saisit les tripes. Et donne l’envie d’étriper ce qu’il convient d’appeler une moitié, de la réduire en miette : une fricassée.
Ping Pong mon amour, tu renvoies la balle et l’ascenseur dans l’ébène azurée de la nuit : que sonne l’heure des départs au goût de mort, celle qui guide les pas sur l’asphalte mouillé à destination d’un monde connu et cependant sauvage : l’inexorable, en rien fatal, retour vers le passé.
L’amour n’est qu’un match honteux qui souffre d’une égalité forcenée, de prolongations douteuses : l’esprit en ébullition fomente sa victoire – une défaite cruelle – et la pleure à la fois : comme il est étrange d’être mu par cette envie saisissante de remporter ce grand chelem du vide quand seul nous porte à destination du néant une paire de tennis et l’envie, parfois, de s’inscrire à de nouveaux tournois.
Texte écrit le 14 mars 2012.
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :
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