Le Romantisme à l’Usage des Monstres
… Mais non viens Josette, je sais, nous éprouvons quelques problèmes de connectiques, mais il y a des choses que j’aime chez toi, à commencer par ta démarche chaloupée de sodomite intergalactique, un tantinet canard, banban subtile, tes yeux ronds comme des loupes, innervés de sang rose porcin, qui clignent férocement comme des feux de signalisation, à intervalles réguliers, ton bec de lièvre stupéfiant, tout cela qui rappelle instantanément la place de l’homme dans l’écosystème.
Ne pars pas, ma chérie, je n’ai pas fini – quand bien même l’on peut considérer qu’il est usuel d’en finir avec toi avant même de commencer, je voulais te dire ceci, du fond cœur : tu brilles comme la photographie en négatif d’un l’étron canin au fin fond d’une cuvette constellé de calcaire, cela qui amuse mes jours. Fichtre, cessons cette comédie, veux-tu ? Tu es mon seul, mon unique rayon de soleil, ce rayon pour qui je prie chaque jour, un miracle en resucée, inépuisable, aussi divin que la crème chantilly.
Quand j’entends ta voix de crécelle molestant l’espace, le temps d’un bonjour, que je vois, à la commissure de ton bec verseur, quelques miettes de croissants gras, je réalise que, chaque matin de chaque jour, je veux voir ceci, le moteur de mon sourire, de ma forme : ma foi ! Comme je suis morose, lorsque tu poses tes RTT, que tu n’apparais pas dans le paysage morne avec la force d’une farce, grotesque dans tes habits violets ! Josette, inestimable collègue, veux-tu m’épouser ?
Texte écrit le 25 novembre 2011.
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :
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