Le Potentiel Erotique de ta Femme
Je l’ai testé, je l’ai enfin testé : le potentiel érotique de ta femme, n’en déplaise aux convenances, à notre amitié – qu’importe sa solidité face à la mécanique des fluides : c’est le corps qui règne en maître dans notre civilisation, le reste n’est qu’une vaste blague, un mensonge pour utopiste en herbe.
Ce fut un soir de juin, sous cette chaleur étouffante qui vous fait désirer l’hiver, nous étions sur la terrasse inondée du reflet rosé du soleil, gorgé de ces nectars qui vous invitent au voyage, et de paroles franches comme le vert des feuilles, roulées avec amour. Une rigolade nous a rapprochés sous l’effusion des flocons : c’était rafraîchissant.
Et c’est alors que je l’ai testé, le potentiel érotique de ta femme, dans le salon, contre le sofa, le visage égaré dans son entrecuisse moite, la langue figée non loin du clitoris et l’être mis en branle jusqu’aux plus intimes profondeurs, avec ce rire – le connais-tu ? – le rire des premières fois. Ce rire délicieux : vous pénétrez enfin l’objet d’un désir forcené, cette ingénue qui s’offre avec vous avec cette lucidité un peu suicidaire qui rend l’alcoolémie émouvante, la drogue fascinante.
Je l’ai testé, le potentiel érotique de ta femme, jusqu’à la lie, au fin fond de la nuit, jusqu’à m’y déverser plusieurs fois, sans toutefois m’y perdre tout à fait. Et je l’ai laissée là, sur le carreau, évanouie dans l’odeur fumée de nos secrétions, un sourire amoureux et complice plaqué sur le visage, celui d’une femme qui, le ventre chaleureux, menace d’attendre son premier enfant.
Tu devrais la retrouver intacte, peut-être légèrement plus ouverte : n’est-il pas vrai que vous ne communiquez plus, ces derniers temps ? Voilà de quoi rallumer la flemme de la passion face aux mécaniques grimaçantes de l’habitude. Ne m’en veux pas, l’ami. Je te l’ai emprunté le temps d’une soirée, pour quelques intermèdes : tu m’avais bien emprunté ma montre l’an passé, pour impressionner ton patron. Tu ne te souviens pas ? Ma chère Patek Philippe. Depuis, je n’ose même plus la porter.
Texte écrit le 24 juin 2013
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :
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septembre 10th, 2013 at 3:04
C’est un homicide volontaire au bons sens. Merci pour le compliment 🙂
Signé : Zadig
« la flemme de la passion » ? Si ce n’est pas volontaire, c’est splendide.
Signé : Candide.