Tu pensais être beau, tu pensais être fort, comme un Loup à l’abandon chérissant son trésor, loin du troupeau, la proie au bec, convulsive derrière un rocher, humble lambeau de chair au goût d’adolescence. Tes muscles broient la créature qui résiste, tes canines dévorent dans la nature silencieuse : humble phallocratie.
Mascara et larmes de sang : te voilà femme, digne représentante des lupanars, les jambes longues comme éternelles, jarretelles saillantes, les jambes incarcérées dans l’acier sulfureux de tes bas. Tu dis : c’est en haut, que cela se passe : dans mon regard. Que l’homme suffoque, ou qu’il suppute, tu le tiens suspendu, convulsif, à l’appétit à ton vagin.
Vieillissant, mais vorace, tu guettes les jeunes filles dans la nuit et promets la lune aux jeunes garçons perdus ou dévoyés, ceux qui marchent d’un pas peu rassuré dans les parcs à hormones, parmi les buissons ardents de passions sulfureuses. Leurs incertitudes, placardées sur leurs visages diaphanes, t’enchantent.
Fortuna, Fortunae… C’est toi, le Loup du Stupre, ce démon charnel qui s’affranchit des mythologies, ce dieu tribal qui domine les fantasmes les plus décousus, prêts à surgir à l’encoignure, en divin satyre, chantre de la pourriture. Tu dis, sourire d’arabesque : ta fonction d’arrêt s’arrête à mon cran d’arrêt. Et la nuit, sur ces ombres, n’a de cesse de tomber.
Texte écrit le 27 décembre 2013
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :
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Juste magnifique ! Tu as bien fait de te remettre à écrire !
C’est un plaisir sans cesse renouvelé.
Tom