Le Concret, l’Invisible
Elle avait des yeux de malade, ce qui me rassurait. Son corps envoyait du pâté : ce qui me rassasiait. C’était sans doute elle, la femme parfaite : le profil d’une gagnante, photogénique – sans le génie, sans gène, avec des gênes de folie !
Que murmure-t-elle à mon oreille lors de l’intime conversation ? Quelques soupirs, et rien de plus. Une invitation consensuelle à poursuivre cette Aventure.
Je la retrouvai plus tard, baignée dans la lumière du soleil : docile et espiègle, elle lisait notre avenir dans un bol de chicorée. Je sentis qu’elle m’aimait, peut-être plus que la célébrité. Sa joie : un leitmotiv qui me motive.
Je l’ai attendu toute ma vie depuis que j’ai quitté le berceau comme six millions de Français rivés à nos gueules d’anges. Ces laiderons émasculés ne vivent que par nous, tant nous sommes exemplaires, ambassadeurs de la beauté, de cette vie rêvée d’ange.
Hors champ toutefois, elle savourait sa gloire toute acquise : elle était venu me séduire, et déjà, je ne le lui suffisait plus. Pas de bol. Caprice d’une princesse ? Gourmandise d’un utérus ? Schizophrénie aiguë ?
Orgueil masculin : j’ai pensé que l’affaire était dans le sac : elle était dans le sien. Las, je me suis réveillé seul, au milieu d’une avalanche de femmes féroces et pulpeuses qui chercheraient la célébrité jusque dans les fermes. Ces vipères me traquaient sur twitter à grands coups d’images floconneuses et syllabes meurtrières, sans caractère.
J’étais à deux doigts de pleurer avec les yeux, de toute cette mascarade, manquais de m’évanouir sentant parfois son parfum sur la peau de ces autres filles qui, par vagues, se donnaient à moi avec cette innocence d’aliéné. Mon sexe pleurait de la chercher dans l’écume poissonneuse des filles négligées : elle seule pouvait guérir mon corps de malade.
Pondu le 15 mars 2014
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