L’Armée des Lumières
La nuit, la maison appartient aux insectes. Certains ne m’évoquent rien, d’autres me rappellent les instants passés à Bois Bourdin : une nuit que j’avais laissé allumées les lumières au dehors, j’ai dessiné malgré moi un tableau d’insectes sur la façade de la maison. Plein d’amour, je les ai ramassés, pépites congelées, signant malgré moi leur trépas. Certains attendent devant la chambre dans un étrange immobilisme, incurvé comme des larves, des pénis racornis. Aux toilettes, où j’urine, un bombyx, fuyant les noirceurs opaques du paysage, dansant contre la vitre, m’observe avec un certain intérêt de ses yeux noirs et concentrés. Cette petite tête m’évoque plus que jamais la réincarnation, ou bien un petit ange pervers fuyant son mariage, direction les urinoirs. Cette solitude me berce et me convainc de retourner à la nuit comme l’une de ses créatures.
210614
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