Gloom Service
Reconnais-moi, Toc Toc, aux simples mots : room service. Sans faire-part, je toque à ta porte sur ta propre demande, livrant cette bombance qui te sera fatale, non le moindre de tes péchés, capiteux assurément ; accepte sans remontrance cette mort que je t’apporte sur un plateau doré : staphylocoque quatre étoiles, au firmament du crime.
Sous la chair d’une viande réchauffée au micro-ondes dans le plus grand secret t’attend une mort si lancinante, belle et violente, qu’elle te crèvera l’aorte et te laissera, richissime manant, sur le pas de ta porte, quand tu rejoindras le cocon fade de ta vie mensongère et sanctifiée :
Las, affamé, près à saillir mollement quelques catins désoeuvrées qui passent des annonces papy sitting dans Le Bon Coin, tu ouvres dans mes yeux la symphonie de tes adieux, la charmante esquisse de ce petit souffle qui s’en ira : 21 grammes, l’ultime pourboire de ta vie.
J’officie ainsi, fort souvent, à confectionner ces petites morts horribles, de saison en saison – un saisonnier dont on ne se défie pas, que tu payes pour mourir, direction les Alpes l’hiver, la Côte d’Azur, l’été : c’est là que se trouvent les plus belles pourritures !
Texte servi frais le 1er juin 2012.
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :
Comme toujours tu as l’art des chutes. Celle-ci est énorme. Toujours un plaisir de te lire !