Enigme
« La terre est bleue comme une orange », qu’il disait Eluard ; toi c’est ta peau qui est orange, parce que tu manges du bleu : que ce monde est étrange ! Et fascinant, si déroutant que, parfois, il ne ressemble plus à rien de connu : ce qu’il y a, dans ce miroir qui bouge, va beaucoup plus vite que ce qui se passe autour de toi. Parfois, tu ne te reconnais plus. Parfois, tu abandonnes face à la vie, une lente rémission de tes facultés : des pilules te font voir la vie en rose. Le bleu, par défaut, te rebute beaucoup, bien qu’il soit moins intrépide que le cafard. Souvent, il t’arrive de regretter le temps des cassettes : comme tu aimais cette déperdition des enregistrements, un cheminement lent vers la mort des sons, la présence quasi certaine des fantômes, ces crépitements qui te parlaient tout bas, te racontaient des histoires qui n’appartenaient qu’à toi. Tu te sens conne avec tes 16 mégas.
Texte : mis en orbite sur Carnets Aviaires le 10 janvier 2012.