Billet

Du Soja pour Patricia

 

« Dis, tu es sûre que tu n’as rien oublié ? On ne sait jamais, avec l’organisation d’une fête comme la nôtre. Regarde ta liste, et stabilote à ma dictée :
 
54 chaises et assimilées, pour s’asseoir, 40 kilogrammes de poulets bien dodus,  élevés en plein air, (hormones du plaisir), 10 sachets d’un kilo de légumes surgelés à la provençale, pour l’accompagnement et pour faire joli, 10 vacherins discount, 20 baguettes de pain congelés, les trois immenses fromages (discount, évidemment) qui suintent dans la cave de papy, deux boites de fromages fondues pour les enfants, quelques hectolitres d’alcool déclinés sous toutes leurs formes, principalement du whisky, de la vodka, du gin, et deux bouteilles de ricard pour les anciens, le tout accompagné d’une trentaine de jus de fruit, principalement de l’orange (l’orange, ça va avec tout), cinq caisses de Bourgogne pas trop aligoté, la collection complète de disques les Tubes du Grenier, quelques ritournelles disco supplémentaires bien de chez nous pour les nostalgiques qui sont restés coincés dans ces années-là, un peu de rock supportable pour changer des synthés, du Johnny, pour les puristes, un disc jokey un peu ringard pour mixer le tout et créer de l’ambiance (on sait jamais avec les histoires d’héritage qui surgissent ici ou là) ; un autre clown pour faire rire les enfants et les dépressifs, deux trois paquets de ballons, pour le décor, vaisselles et couverts en carton pour limiter la vaisselle et la casse, enfin, du shit pour les cookies pour adultes (fabrication artisanale) et du soja, pour Patricia.
 

– Voilà, c’est ça, le soja ! Je ne sais pas où ça se trouve, ce truc, dans quel rayon, je me suis même demandé si ça existait vraiment, vu que ça n’a pas de goût. Du coup, j’ai oublié d’en acheter. On n’aurait pas dû l’inviter la Patricia. Elle a toujours le chic pour tout compliquer. Pourquoi ne se contente-t-elle pas des légumes congelés, comme tout le monde ? Je te parie qu’un jour, elle apportera ses propres disques ! Et ce sera, alors, le début de l’anarchie. »

Texte concocté le 22 juillet 2012.
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :

Acheter Au Bonheur des Drames

Share Button

Vous aimerez peut-être :

  • Les Malheurs de Miss Tofinelle   Morgane, une grosse vegan, se plante comme un piquet face à la supérette du coin, nonobstant l’étourdissante chaleur de l’été, et brandit une banderole comme d’autres brandissent […]
  • Vendredi 13 et Pomme d’Amour   L’amour c’est comme un fruit, ça pourrit super vite. L’amour c’est comme un fruit, si tu ne mets pas de pesticide, il est fort probable que les vers le rongent de l’intérieur, et […]
  • Sur le Café   Est dérisoire l’importance absolue du café le matin : nous sommes nombreux à commencer chaque journée par ce paradoxe qui ne nous gène pas, cette habituelle essentielle. […]

Laissez un commentaire

theme par teslathemes