Chicken Commando
Mon homme est militaire, militaire par la chair. Ses jambes se galbent dans des treillis indémodables qui font bander jusqu’au pédé le plus coincé, la paroissiale des villages oubliés qui ne connaît que la sécheresse vaginale.
Mon homme est militaire, c’est un vrai, un pur ; il sait ramper par terre, arme son fusil, branle bas de combat, toujours à l’affût : dans l’action et le guet. Il a le crâne tout lisse des assassins de la police, le torse musculeux des gladiateurs.
Mon mec est militaire, élevé en batterie comme un super poulet, capable de répondre aux injonctions les plus binaires, comme un chien : assis, couché, attaque, nonoss. Certains disent de lui, mauvaises langues, que ce n’est qu’un « bolosse ».
Quand il revient de ses périples, mon militaire, il ne comprend plus le monde qui change à toute vitesse : la guerre est en France, oui, et c’est une guerre biologique, différente, intestine. Ne sens-tu pas la haine partout, toi aussi, qui s’immisce dans les grandes villes, qui dévore ce qu’il reste de bon en l’être humain, une guerre dont nous sommes les armes, avec nos actes – ou pire, notre absence de réponse ?
Commando zéro, il a peur mon macho, virilité de supermarché, loué pour son apparence comme un super poulet, il avance comme une bête traquée aux caisses de l’hyper, avec l’assurance d’une ballerine débutante. C’est qu’il me fait honte, celui-là, mais quel pédé !
Avance donc un peu, minet hormoné, pour qu’on t’encaisse. Avec un peu de chance, tu auras un super sourire de la caissière, Magalie, une fille aphone, aimable comme une porte de prison, aussi bavarde qu’un tiroir-caisse. Elle veut ton argent, pour honorer la victoire du capitalisme, et ton sexe, qui n’est rien d’autre, pour elle, qu’un gode biologique. Je pourrais te louer volontiers, si seulement il était plus gros.
Texte bombardé le 27 juin 2012.
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :
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