Cahier des rêves et Pages Blanches
Envie d’écrire à nouveau un cahier des rêves, comme celui d’autrefois, qui, sur quelques feuilles éparses, s’est envolé tel un rêve vers quelques poubelles gourmandes – ou cartons poussiéreux. Or, les rêves sont rares, bien qu’ils reviennent me hanter, parfois : sans doute est-ce le fait de vivre dans une maison entourée de silence après ces années citadines aux mille et un bruits, d’avoir des angoisses plus fortes que jamais liées à ce couple maudit, le mien, que je ne comprends pas, créature bicéphale incertaine et cruelle qui parfois me fascine, parfois me dégoûte, mais toujours me tient dans ses filets par l’effet sinueux de quelques philtres abscons.
Mais revenons-en au pays des rêves : le décès de ma mère avait comme jeté un voile dessus si bien que mes nuits n’étaient plus, en apparence peut-être, truffées de ces intenses bizarreries, fantômes et messages cryptiques. Qu’elle est loin, également, cette sensation au réveil de s’enfoncer – et violemment, et mollement – dans le matelas, comme tombé du néant, ne sachant plus à quelle réalité me plier – et plié toujours par la grammaire onirique.
Ce me semble un beau programme, qu’il faudrait, cette fois, tenir. Or l’alibi est puissant : point de rêve, point d’écriture. Aucun reproche donc, et la possibilité de se dire, le plus trivialement du monde : « ce n’est pas ma faute » Les pages blanches ne seraient plus des aléas. Quant à l’inspiration, détrônée, anti muse parfaite, elle n’aurait plus droit de cité et reviendrait, esprit de contradiction aidant, pour m’aider à terminer quelques projets poussiéreux ou pour me guider à nouveau sur les chemins ouverts mais escarpés de l’écriture, chemin que j’ai quittés ces deux dernières années pour me consacrer aux joies factices de la vie active.
071016.3
Je suis totalement pour cette idée de consigner les rêves : c’est l’or et la clef de notre être. L’inspiration est aussi là : c’est le souffle dans notre âme endormie.