C4 Zombies
Ligne C4, la nuit, vers Saxe. Les manants du 7 vont au Pharaon dans des costumes miteux, rejoints par ceux du 3, en baskets, dont l’un porte la main sur son sexe hideux, sa bistouquette, d’une caresse lente et rebelle. Il maugrée, dans la barbe qu’il n’a pas, quelques ritournelles crapuleuses, un avant-goût de Vinatier, stances printanières et mythes faisandés.
Un relent d’alcool puissant envahit l’espace, lancinant, un air de fête plus votive que galante, les promesses avinées d’une nouvelle ère : elles s’échappent comme de mauvais Djinns de la spiritueuse bouteille et se répandent, térébrante malédiction : très vite, ces pauvres hères s’animent avec frénésie et dégainent un à un leurs précieux liquides – l’heure de la dyonisie, sortilège moisi.
Une étudiante gracile, moulée d’un jupon noir, capillaires laqués à défaut de déchoir, monte à l’arrêt suivant, sitôt convoitée comme un trésor par ces humanoïdes picratés qui, nonobstant l’espace azimuté, titubent nonchalants en sa direction, de même des zombies aseptisés, pour l’encercler tout à fait : « hello mignonne, tu viens au Pharaon, tu veux jouer avec nous ? »
La jeune fée, effarée, conserve son port altier malgré l’altérité, princière, se fige dans un silence sans cesse interrompu par des contes paillards, des promesses infâmes lancées à son visage, et des postillons comme autant de missiles obscènes. Et cependant les haleines impétueuses se conjuguent sur son visage frileux, l’envoûtent peu à peu malgré ses réticences les plus intimes : la viande frelatée, malsaine et bedonnante, la pénètre sens après sens, jusqu’à l’essence, la galvanise : elle se relève, hypnotisée – mort de l’adolescence.
Elle descend, moribonde, au terminus, escortée par sa mauvaise troupe qui la couvre de jurons sordides, de baisers visqueux, de caresses furibondes à foison. Loin du bus, ils s’engagent dans un périple chancelant, divaguent non loin du Rhône, dérivent à l’orée d’un bois vague et ténébreux. Une fois attablés, ces 4 marauds la jouent à l’antique, sexe et viscères, dans un bosquet ardent, nonobstant l’oraison : on assassine à la Feyssine la raie alitée.
Texte écrit le 26 octobre 2011
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :
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