Billet

Bons Baisers des Latrines

 

Nous aurions pu nous embrasser, en rester là / nous avons préférer nous sucer, une fois, deux fois, à tour de rôles, dans les latrines, goulues, abstraction des urines : c’est so oldschool, un peu maboule / les gueules déconfites attendaient des heures – vices de blondes – pour projeter des petits jets d’urine insignifiants / Elles menaçaient de leurs bouches atroces d’appeler des videurs, avec de gros bâtons bien rigides : nous dîmes que nous les attendions, ces vigiles un peu frigides, pour les dérider un bon coup / et nous rîmes à nous en décrocher les mâchoires – sus aux larmes de lait, l’exquis pourboire déliquescent !

 

On a les plaisirs qu’on peut, dans la nuit / seule une porte peu épaisse sépare le désir de l’ennui.

 

Texte éjaculé le 8 septembre 2012
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :

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Sexy Scribe
juillet 11th, 2014 at 2:20

J’adore ce texte qui me fait m’interroger, surtout la dernière phrase.

La fine cloison entre désir et ennui m’interpelle comme une question que je ne me suis jamais posée.

Quid de ces années de sexe, où jeune je m’adonnais au vice, au point d’en faire un hobby.

Peut-être n’était-ce pas du tout ce que tu voulais faire connaître, mais c’est ainsi que j’interprète, en cette nuit empreinte d’un silence inattendu.

Ta force, je le répète, est de faire réfléchir, et par écho, j’envisage de lire des écrivains plus complexes, plus riche de sens, dans ta veine.

Il y a des blogs qui vous changent. Merci.

juillet 11th, 2014 at 9:53

C’est la chute qui justement oriente le sens du texte, du moins sa lecture principale : j’aime ce procédé de remise en question. Et que le texte fasse écho en toi. Tes années sexe (on veut en savoir plus, là tout de suite) : faisais-tu partie de la caste des renifleurs ?

Je me souviens quand j’étais enfant pour aller dans la rue principale du centre ville on passait devant les latrines du marché couvert : il y avait toujours cette odeur puissante qui s’échappait de la rue et cette rumeur tout aussi persistante comme quoi des hommes s’y draguaient. Je trouvais ce mélange curieux pour ne pas dire insolite.

J’espère que tu partageras ces lectures.

Merci à toi !

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