Tu en as mis du temps ! Tu t’es arrêté sur une aire d’autoroute suspecte ? As-tu acheté ce que je t’ai demandé, tu sais : la bombe anti-insecte ? La biologique, évidemment. Il est hors de question de polluer notre environnement. Non, évidemment, tu n’as rien fait. Je le vois à ton visage. A tes silences maudits.
Pourquoi as-tu mis si longtemps ? Ne me dis pas que tu as rencontré ces autres hommes, aux pissotières, ces pédés puants, ces pères de famille immondes et instables qui font la honte de notre société ? Ne me dis pas que tu as bu plus que de raison, dans un bar miteux ! Ton haleine mentholée me cache bien des vices. Je le sais, je le sens. Ou alors tu as joué notre SMIC. Cela se lit sur tes mimiques : tu as claqué du fric !
Parle-moi, dis-moi quelque chose. Que tu m’aimes, au moins, c’est si peu, que tu me désires encore, pour le meilleur et pour le pire. Sale porc, tu ne dis toujours rien ? Et bien dégage, connard, sors de ma vie. Fais comme Francis, ce gros naze qui a dit à ma sœur « je vais acheter des cigarettes » et qui a eu la décence, au moins, de ne jamais revenir !
Tu pues, tu m’entends, tu pues. Tu es pire qu’un homme, t’es qu’un sale pédé. Une merde pour l’humanité. Comment je le sais ? J’ai autopsié ton téléphone portable, ton précieux ordinateur, j’y ai trouvé sous les pixels tous les stigmates du vice. Va-t-en, tu me dégoûtes, je nous croyais heureux et tu as tout gâché, avec tes perversions.
– Homme trop tôt livré à une mégère, tu te dis que la vie est cruelle. Tes affaires, qui tiennent dans le coffre d’une voiture, tu les reçois comme une offrande, un don du ciel, la poussière de ton repentir. Ne te vient-il pas à l’esprit, quand tu t’en vas, chassé du décor hypocrite d’une vie confortable, que parfois les femmes au foyer sont de belles ordures, des ordures ménagères qu’il ne faut point ménager ?
Texte conjugué le 17 janvier 2012
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :
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