Anthropologie de la Femme Insecte
Je ne suis pas épanouie, je ne suis pas heureuse : j’ai des amants par centaines, de notre histoire d’amour affables croquemitaines : victimes étonnantes par demi-douzaines. Amants incertains, ils lorgnent à l’entrée de mon vagin, le membre dru, salive liquoreuse de diablotin, cette opportunité de chair que je leur livre parfois, quand tu n’es pas là, au lointain, que je pense à toi, ton petit cœur qui bat – comme il saigne, parfois, sur les draps en satin !
Révolution de papillon sous la lucarne des hôtels parisiens : je fais la moue, prépare ma mue, en ingénue, branle bas de combats : dans ma chrysalide, en femme morbide, je dresse le drapeau blanc d’une défaite lacrymale ; conduire les hommes au plaisir comme une estafette, une danseuse doryphore qui n’a de cesse de dévorer les sphères, c’est le vice qui me conduira au précipice. – Mais avant…
Quand je les coince sans préambule entre mes mandibules acérées, lèvres ou jambes affûtées, l’écume sévère des maîtresses les plus abominables m’emporte au drame, et ces hommes avec moi, en spasmes saisissants – c’est le sang qui bout, qui goutte sur l’épiderme, le cri qui, par delà les murs, rappelle les peurs d’enfants, ces monstres qui nous peuplent, la nuit venue, et nous dévorent entier, des femmes qui se déguisent et frappent par milliers, et nous rappellent, humbles salopes des temps modernes, l’émotion dévorante et réelle du vagin denté.
Texte pondu le 3 janvier 2012.
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :
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janvier 8th, 2012 at 12:23
Merci beaucoup pour ce commentaire ! Je te souhaite la même chose, pour ton art. Une année pleine de créations. Ca fait plaisir de voir que tu continues !
sacré beau texte. Ca m’épate de voir comment tu associes mots et images.
Bonne année à toi Nicolas, et te souhaitant toujours autant de talent d’écriture.