Animal Junkie
– Quel est déjà ton prénom, ton prénom, mon beau, aux yeux effarants ? Moi je suis animal Junkie et je t’invite à cette fête sans queue ni tête, un soir au bord du lac. Tu viendras, dis, tu viendras ?
– J’ai de l’aube en tête, et des idées de poésie. Ma mère est de nouveau au pays des prunes, avec une voix de fillette. J’ai lancé des bonbons sur ma nouvelle stagiaire, une jeune fille trop déterminée et jolie, qui pose pour de la lingerie, avec aplomb, devant des cheminées, sur des peaux de bêtes, la peau nacrée, bardée de filaments de dentelles noires.
– Mais ton prénom, dis-moi ton prénom, je l’ai oublié.
– Je me souviens de ton haleine mentholée et déjà j’ai envie d’oublier cet instant où tu posais tes mains sur mes cuisses, d’un frôlement maintenu, terriblement féminin. J’en aime un autre, et cet autre : c’est moi.
– C’est sans doute le propre de l’homosexuel, de s’aimer, ou de se bannir.
– Ou les deux à la fois, c’est sans doute la même chose, probablement, mais, ce n’est pas du tout ça. Ce n’est jamais vraiment ça. Tu sais, animal junkie, il y a cet homme sauvage avec qui j’imagine des coïts sur ma table basse, qui te ressemble un peu, et ce garçon délavé, un jeune poussin que j’aimerais briser à loisir, et dont la chair semble si tendre qu’elle est un crime – pour un végétarien. Il m’a donné comme un joyau un clin d’œil malicieux, et il est à portée.
– Cela ne me dit pas ton prénom.
– Il est comme l’amour, mon cher animal Junkie : à réinventer.
Extrait des carnets intimes Querelle(S) II
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octobre 15th, 2012 at 4:43
Bidouiller, oui, pourquoi pas, surtout au quotidien, mais ça fait moins classe et je me doute que Jean Nicolas Arthur Rimbaud apprécie 🙂
Amour à réinventer? Ex nihilo, impossible: il faut se contenter de bidouillages…