Arithmétique du Galet
Sur la plage avec toi, au coin des arbres mais ton coeur je ne l’entends pas battre. Je suis avec toi, à tes côtés et nous parlons lentement, parce que couchés, le temps inévitablement arrêté pour nous en ces lieux paisibles, autour d’hommes étrangers qui pourraient partager nos couches, moins que nos couchers de soleil. Tu es là, je suis là et tout n’est qu’absence. Les silences sont lourds et profonds parfois, l’étendue bien trop paisible en cet après-midi. Deux nageurs parfois brassent la masse de liquide, giclées rapides bravant un vent qui aime à se taire, se fait caressant sur nos peaux veloutées par la crème solaire.
Tu enlèves ton slip pour te baigner, nu, un instant. Je regarde tes fesses s’enfoncer dans l’eau fraîche. Tu ne te précipites pas, mais tu n’hésites pas non plus. Tu t’engouffres avec sagesse. Ton corps plonge dans l’élément et tu sors aussitôt de la masse plate que tu as animée, cache de ta main ton sexe lorsque tu arrives face à moi, qui te regarde, perdu dans un labyrinthe de pensées. L’eau impure du lac perle sur ton corps, comme des petites gouttelettes prêtes à éclater, capturées par ta crème solaire dont l’indice n’est finalement pas si important. Je formule en moi-même un moment le souhait de te sécher avec ma serviette, la tienne, ou ma langue, pour éviter que tu attrapes froid : le soleil est capricieux, sa course se poursuit au détriment des nuages, qui le malmènent. Tu te sèches et t’allonges de nouveau à côté de moi, présence délicieuse.
Je jette trois galets dans l’eau, du plus loin que je peux. Et en ramène un à mon insu, perdu dans ma serviette. Découverte qui prolonge le plaisir de la veille au lendemain.
Extrait du recueil Les Corps Cendrés, toujours disponible en format papier sur thebookedition :
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