Tropisme Virginal
C’est un dimanche comme tous les autres : je dessine des clitoris et je vais faire des gaufres. Il est bientôt quinze heures. Je reçois un appel inquiétant et mes neveux : l’un d’entre eux aime que je passe ma main dans ses cheveux. Il aime les couleurs pastel.
Nous irons nous promener au lac, parmi les inconnus. En silence, je regarde ma sœur se faner à mesure des ans, m’interroge sur les lunettes rouges de son mari, qui ne la regarde plus comme avant. Pourquoi ne te tu maries pas, demande-t-elle ? Tu vas finir vieux garçon ! Tu as la trentaine séduisante, c’est dommage, martèle-t-elle.
Je pourrais lui expliquer que les femmes ne sont pas silencieuses, qu’elles font toute une histoire de petits riens et n’ont de cesse d’imposer des exigences parfois farfelues. Les hommes, quoiqu’elles en pensent, ne sont pas des dieux. Et puis, lors même qu’elles sont belles, elles finissent toujours par faner, gonfler, pourrir, se transformant en momies, goules ou sorcières, ou toutes créatures monstrueuses, irréelles. Serais-tu, comment dire…, homosexuel ?
Les femmes, ma bien chère sœur, je les préfère éphémères, exposées en vitrine. Bien sûr, il m’arrive de m’ennuyer, de trouver le temps long, la maison vide quand je rentre du travail mais ce n’est pas si dramatique : Marie me fait un repas, Grand-Mère un bon café. Un quotidien morne nous impose d’étranges idoles. Oserais-je en secret te confier cette passion que je ne puis partager : mon amour sans borne, hygiénique, pour les poupées Mattel.
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