Ferment Pasteurisé
Prends ceci et ne t’occupe pas de ce qu’ils pensent. Ils pensent trop, les chéris, cette bande d’abrutis. A peine apprentis, je te jure. La vie ne leur a rien fait, encore, ils ne comprennent pas, ils ne peuvent pas comprendre, parce qu’ils sont vierges. Vierges de tout. Ils se pensent rois d’un monde qui bat pour eux, qu’ils pensent façonner alors qu’au fond, ils le détruisent à petits feux force de désirs informes, prométhéens.
/ L’enfance n’a pas d’âge pour celui qui n’a pas côtoyé la souffrance, cette amie indésirable qui peuple jusqu’aux songes et gangrène, avec ces pouvoirs immenses. /
Prends ceci, ceci est une bible, ta meilleure amie : une distraction, un pied de nez à l’abîme, placée sur l’autel de l’espérance. Ceci est une arme, le missile d’un messie servile qu’à loisir tu peux convoquer et qui t’écoutera, par la bouche d’un autre : un disciple délavé, formaté pour l’Amour, la conscience d’un Temps – un âge d’or – qu’ils s’acharnent à faire mourir, à grand renfort de slogans. Ceci, enfin, est une boîte, une boîte de Pandore : ouvre-la, si veux rencontrer l’Espoir, qui conduit à la Foi.
Texte scandé le 15 novembre 2011
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :
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