Maman Banban + Fils Panpan
Bernard se masturbait en consultant le calendrier des agriculteurs laissé par sa mère, souillon au grand cœur, celle qui ouvre sans cesse la porte aux mormons, témoins de Jéhovah, pompiers défraîchis, facteurs boutonneux : n’ont-ils pas sauvé sa misérable existence des flammes, celles du grenier, celles de l’Enfer, et celle d’une passion consumée d’avance ?
Un jeune premier, un élégant de bonne famille, allait-il s’amouracher d’une jeune vieillarde claudicante, un peu croquemitaine, fendue d’un fils plus collant qu’un morpion, bedonnant, et d’une dote lamentable – trois poules malades – coquette sale, par-dessus le marché ? Qu’il est beau, parfois, de rêver gant quand on n’a jamais porté que mitaine !
Nous donnons aux sourires l’importance qu’ils n’ont pas, quand nos vies sont étriquées, que seul semble immense le soleil qui dévore la rétine et déchire les volets aux heures matinales, pour si peu de grâce, ce que nous avons : la caresse salvatrice d’un chien errant, l’injure amicale d’un voisin débonnaire et crasseux, les exigences narquoises d’un foutriquet qui vous pousse au tombeau, avec l’avarice des Rois.
Texte écrit le 21 novembre 2011.
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :
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