Kandjar Planqué
Celui qui a dansé pour moi, avant que de s’évaporer, il est revenu, revenu d’entre les morts, d’une ville du sud et il m’a dit, en langage mutilé, sigles et abréviations non réglementés, comme on parle de la pluie et du beau temps devant une limonade : il faut que je te vois, je passerais demain. Je lui ai demandé pourquoi, pourquoi il ne m’a pas donné signe de vie. Il m’a répondu : j’ai pensé à toi. Je passerai te voir demain, demain soir chez toi. J’ai insisté alors, il faut insister parfois, pour obtenir des réponses à des questions que l’on ne se pose même pas, des morceaux concassés de vérités, marmelade de fruits, émincé d’oignon. Il s’est contenté de me dire : j’ai été poignardé, poignardé dans les fesses ! A la turque ! Absolument. Puis, il s’est rétracté : mais non idiot. Je vais te raconter. En face à face. Tu sais bien qu’internet, ce n’est pas ma tasse de thé. Il m’a dit aussi : j’ai pensé à toi, Nicolas. Mais ce mensonge me semble plus odieux qu’un coup de poignard. Moi, je lui demanderai volontiers de danser de nouveau, si possible, devant moi, là, devant des gens, sur les quais du Rhône, en plein soleil, et peut-être même que je lui jetterais une pièce, 15 centimes d’euros, le franc symbolique, après, je ne sais pas, peut-être que je lui prêterais mon corps, une fois, deux fois, avant de disparaître, moi aussi, poignardant son petit cœur.
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