Ex Porno Boy
Saison chaude, libido forcenée, supplice du corps tourmenté par l’angulaire excroissance de chair, nous trouvons refuge dans ces images d’Épinal pornographiques aux schémas formatés, mecs interchangeables à volonté qui s’échangent entre eux dans des décorations ringardes, surannées jusqu’au vice : chambres d’hôtel minimalistes, oreillers à fleurs automnales, petite table basse à peine suédoise sur laquelle repose un tube de gel phallique, quand le crachat ne suffit pas à l’ouverture béante des orifices, l’intronisation des organes, avant descente : la glisse entre mecs : un sport extrême, tant anal que banal.
Ils commentent, ces petits pans aux braquemarts saisissants, avec un art de l’artifice consommé, des danses tribales, sodomies incluses, sur des musiques d’ascenseur vaguement euphorisante, avec toujours en tête – la bouche en est l’instrument – cette idée de buffet à volonté : eat the meat (eat to the beat). Le total package, quoi. La bouche, cette muqueuse de salope qui nous permet de communiquer, ne parle désormais qu’en filigrane le langage du corps dont elle est l’organe, le vrai, le pur langage : c’est animal, minimal. Fichtre : la mante en devient une créature rassurante, la seule à même de nous remettre sur le droit chemin : en tranchant la carotide de sa dévote victime, elle est à même de provoquer, dans son infini mansuétude la mort de ce priapisme estival fort malvenu. Aussi, je pense à elle, qu’elle m’enlève pour quelques intermèdes dans un parking souterrain, douteux : nous nous battons jusqu’au bleu, jusqu’au pourpre, pour nous étreindre ensuite, quelques crachats plus tard, comme deux chiffonnières victimes d’un abus de testostérones qui règlent leurs comptes avec la vie, une tauromachie usuelle qu’elles ne feignent plus d’ignorer et dans laquelle elles se perdent avec la volupté des condamnés.
(je veux un poing américain, un cran d’arrêt, une bombe au poivre qui sent bon, avec laquelle il est possible de faire de bonnes salades à l’arsenic, de l’acide sulfurique pour usage sulfureux, tout ça, tout ça / Das ist mein Shopping list)
Je zappe et je mate : un rien qui me déplaît, mais vraiment pas grand-chose, tu vois, me fait changer de fréquence, à jamais : mon désir est identique, ces pantins tout autant et cependant, cependant quoi ? Cependant, je ne parviens jamais à être synchro : il suffit d’un rien, un petit rien, pour que je me déconnecte, un rien, un rien du tout, ce peut-être parfois un regard, un fuck de trop, un grain de beauté proéminent qui me rappelle les prunes, une tâche sans appel qui n’évoque pas que le vin – je me demande ce que sera ma vie sexuelle une fois que je la reprendrais en main, bien fermement, comme on peut tenir une verge, pour éviter qu’elle ne tombe à jamais dans le néant, avec toute la fermeté d’une institutrice germanique à chignon, option gros nichons. Oh, boy, you know, je n’ai plus de résolution, je suis envahi par le règne des pixels, absolument. Ce règne despotique régit ma libido, la façonne, la fait dériver sur un radeau de la méduse ô combien translucide et sucré, petite rivière de miel. Pendant des années, je crachais sur les pornos, maintenant, je crache avec eux.
2011. Ce billet est extrait de Querelle(S), journal intime et non confidentiel :
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avril 26th, 2012 at 3:40
J’aime bien ton style. Je m’en vais vite voir si d’autres extraits hantent ton blog…
avril 26th, 2012 at 10:33
Merci pour ton passage et ton commentaire 🙂
L’ancien blog est toujours en ligne, tu peux donc également le visiter si le coeur t’en dit (lien dans les colonnes de droite).
Il va vraiment falloir que j’achète tes bouquins.