On se connaît et on s’étripe : match nul devant la glace.
On naît d’un rêve et puis, un jour, on barbote dans le cauchemar ; l’on s’y complet parfois, lumières éteintes, quitte à projeter d’autres films dans nos cinémas glauques, pour la petite histoire.
Les scénarios sans histoire ne font pas long feu dans le noir. Aimons-nous donc simplement.
Nous sommes des poupées bien coiffées, aux étoffes moirées ; nous avançons bandés comme des arcs, le sexe haut, le corps arc-bouté, dans cette gloire feinte d’un serment incertain.
Frappons, jouissons, disparaissons.
L’amour est merveilleux pour celui qui y croit : une religion à deux qui dévoile sans cesse ses mystères. Et qui n’autorise pas la résurrection, à moins d’une idolâtrie sans borne, privilège des parasites, de ces Sisyphe qui se complaisent dans la médiocrité d’une publicité sans fin.
Jouissons, frappons, disparaissons.
On est un con : peut-être bien, mais ça fait rien. Semons les graines du mal, ça ne nous fera, probablement, que du bien. Ou si peu : la jouissance est un parfum d’adieu.
Malgré la fête, nous propulsons des mots qui frappent comme des coups et qui frappent d’autant plus que l’adversaire est sincère.
A terre ou terre à terre, comme des lutteurs turcs, nous concevons ce nouvel univers : une épitaphe au milieu d’un cimetière.
Des demi-dieux, Prométhée de l’absurde aux promesses factices, Icare propulsés dans le monde des sentiments : voici ce que nous sommes.
Texte : psychanalyse du 1er mai.
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :
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