Pâtes Arrabiata et Sodomie
Autrefois, repue de fêtes sans queue ni tête, je cherchais cet homme romantique à vomir qui m’offrirait avec son cœur – et une dévotion proche de l’endoctrinement – les clés d’un royaume de conte de fées. Je n’avais pas réalisé que la fin de ces charmants petits récits symboliques n’est autre qu’un vil commencement : ils eurent beaucoup d’enfants, c’est le prologue d’une autre histoire bien moins fantaisiste, plus barbare, où le mal le dispute au bien si bien qu’ils se confondent tout à fait, pour ne former qu’un : un sacré capharnaüm. La sincérité, la gentillesse, la fidélité, des enfants turbulents et entêtés livrés à la vie avec la régularité d’un métronome (…) ne suffisent pas au bonheur : c’est une indolente euthanasie des facultés, une mort lente et programmée qui en signe le glas.
Fatiguée d’invoquer des guitaristes fougueux sur mon écran mental et loin d’apprécier les divagations pornographiques de réalisateurs voués à vendre aux hommes insatisfaits un plaisir prémédité, j’ai décidé, ma foi, d’ajouter un gramme de fantaisie à cette vie ennuyeuse. Il en va de même dans la cuisine : lorsqu’elle est un peu fade – n’est-ce pas ? – on y rajoute du sel, du poivre, des herbes, des épices ou bien tout ce qui nous passe par la tête du moment que la chimie donne naissance à un précipité. Dilemme : comment rendre piquant l’homme que l’on aime quand il n’est plus que l’ombre de lui-même, une sorte de mollusque sociétal qui se traîne dans la vie selon un rite bien précis et ne conçoit plus la chambre à coucher que comme dortoir ? Comment lui rendre ses attributs d’autrefois tout en retrouvant le plaisir perdu et pour lui, et pour moi : la réponse est dans l’assiette, bien au-delà de la suggestion de présentation.
Texte écrit le 27 avril 2012.
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C’est tout à fait ça ! Au fond, serions-nous plus heureux à l’état animal, ou bien avec des déficiences cognitives sévères ? Une mémoire de poisson rouge – 15 seconde seulement – suffirait à redécouvrir sans cesse le plaisir avec l’être « aimé » ou du moins choisi pour tel. Il est trop souvent question de sauver les meubles.
Les affres de la routine, fin lente et programmée. Cela me fait penser à cette phrase de Dostoïevski : « Un être qui s’habitue à tout, voilà, je pense, la meilleure définition qu’on puisse donner de l’homme. »
Sad but true.