French Kyste
Ces personnes qui se rappellent que tu existes quand elles n’existent plus s’invitent à nouveau dans ta vie, sourire mielleux, pour recoller les morceaux d’une amitié déchirée, cicatriser les plaies béantes de la déception. Soit ! C’est un phénomène d’aujourd’hui. Passons.
Bien qu’il ne soit guère possible de revenir en arrière, tu les invites, sans conviction, pour l’éviction, par dévotion à ton côté sordide, vaguement curieuse des déchéances possibles de ton prochain. Tu flaires l’anecdote poreuse et glauque – et t’en réjouis d’avance.
« Tu reprendras bien, très chère, un peu de gin-tonic ? »
Sous l’alibi d’une politesse sociale, la haine se dessine, parfois, dans ton regard, à l’encre de chine, le khôl des vilaines filles – et l’impatience aussi : « elle ne va pas s’incruster dans le paysage, la garce ! Qu’elle déguerpisse une fois ses malheurs déballés, que je puisse raconter cela à tout le monde. »
Je ne suis pas méchante, vous savez, bien au contraire : elle m’a abandonnée, et elle revient comme si de rien n’était, avec le regard battu d’un petit chien, l’insistance des morpions, la nonchalance machiste d’un homme qui ne trouve plus de femmes après vous avoir trompé et qui se pointe, encore et toujours, la queue entre les jambes. Qu’on me dise que l’altruisme est désintéressé : foutaise ! Nonobstant sa laideur fraîchement acquise, ses faiblesses exhibées qui m’enchantent comme autant de victoires, elle doit payer sa dîme, pour avoir de nouveau mon estime.
Texte éructé le 27 juin 2012.
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :
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