Deux Noisettes pour Cendrillon
S’il fallait redéfinir l’auguste visiteur par un canon, ce serait présentement le règne de la crevette : un corps allongé et imberbe, aux petites odeurs de lait, génération post biactol, apocalypse virulente dans le dos : sosie en décalage, décapé à l’eau précieuse.
Mais, avant tout, il est, le chérubin, qui n’a de majeur que le chiffre apposé à sa carte d’identité, Cendrillon anecdotique, dont le legs précieux et vicié dévoile l’avarie des temps modernes : une pantoufle de vair souillée, laissée à l’abandon, avec négligence, sous les drapés, un petit souvenir, une madeleine vérolée !
Sache une chose : les Cendrillons modernes n’ont point de carrosses qu’il leur est imparti par la gentillesse d’une fée altruiste : elles filent en taxi sans demander leur(s) reste(s), avec l’argent d’une connaissance aminée. Elles ignorent absolument tout des fuseaux horaires ; sans doute préfèrent-elles être nues qu’en habit de soirée, afin de trouver plus facilement, tel l’écureuil, et glands et noisettes.
C’est chez le taxidermiste du coin qu’elles s’approvisionnent en fourrure, moyennant quelques menus services rendus en nature et liquidités, afin d’apparaître animales, sous l’égide d’une crypto bestialité usurpée.
Ce n’est point pour se faire désirer qu’elles laissent ainsi une partie d’elle, solide ou liquide, à l’abandon dans un logis lambda, afin qu’un prince liquoreux rencontré dans un grand magasin qui rechigne à pratiquer la troisième démarque les retrouve enfin, mais plus par négligence – et appétit de suite : il est tellement de princes charmants en ce monde qu’il serait dommage de ne pas assiéger d’autres châteaux.
Extrait de Querelle(S) III, journal intime mais non confidentiel :
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