7 Confessions
– Mon père, je suis perverse. J’ai caché le magazine porno de mon mari dans le bac à jouet de notre fils. Pire : je l’ai regardé.
– Mon père, j’ai encore mangé des fruits de mer, du lapin et du porc, je sais que c’est interdit par la Sainte Bible. Vais-je finir par coucher avec des hommes ?
– Mon père, j’ai encore accepté que l’enfant des voisins me touche. J’ai peur qu’il ne me dénonce, pour maltraitance.
– Mon père, j’ai encore licencié des employés par pur plaisir, parce qu’ils ne sont pas catholiques.
– Mon père, je crois que je deviens sadomasochiste ! Je m’ennuie tellement au travail que j’improvise, de plus en plus souvent, de petites séances de masochisme pour penser à autre chose : je m’agrafe les doigts, je me coupe avec des feuilles de papier… J’y prends, mon père, un réel plaisir. J’ai d’ailleurs lu l’œuvre complète de Sade, dans ma prime jeunesse. Je sais qu’il n’y a pas de limite à la créativité ! Mon père, je suis perdu !
– Mon père, je suis retourné voir des prostituées. Le pire, c’est que j’ai revu deux fois la même, même si elle refuse obstinément la pénétration sans préservatif.
– Mon père, j’ai couché avec un homme comme on couche avec une femme, et non autrement : je n’arrive pas à me résoudre à céder la virginité de ma petite rondelle.
Lorsqu’il sort du confessionnal, le jeune prêtre est frappé de voir qu’il est encore un saint, malgré ces pensées envahissantes pour lesquelles il se flagelle chaque soir, avec cette verge qui est devenue, au fil du temps, sa meilleure amie. Et qui lui est, au fond, indispensable. Car Dieu est amour et l’amour la plus douce, la plus envoûtante, des prisons.
Texte confessé le 26 juin 2012.
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :
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