Les Gens Qui
7 septembre, que savons-nous du monde qui se désagrège sous nos yeux, poussières d’étoiles, somme de glaires, ordures putassières ? Un fier regarde son ego dans la vitre du métro, une fille aux yeux détrempés se moque éperdument d’un laideron ventripotent les doigts gras de frites.
Dans la rue, les passants se la jouent royal, s’ignorent superbement, bombent le torse et parlent en morse. Ils tapent, frénétiques, des boîtiers inutiles qui les relient à cette vie rêvée d’ange, faite de rires, de perfections, d’illusions qui se perdent.
Une vieille délabrée, famélique, promène son gobelet poisseux quand les affiches clignotent, féroces, réclament ses dévots qu’elles déglutissent en monstres carnassiers : la nuit s’installe jusqu’au vertige, les rires fusent éthyliques, et les muqueuses supplient.
8 septembre, le paysage du lendemain se renouvelle à l’identique : le monde, comme un vinyle rayé. Je pense à l’avenir à l’instant exact où une poussette de triplé écrase une naine.
Texte craché le 8 septembre 2012
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :
Laissez un commentaire