L’Amour Anathème
C’est un ami impossible, aux confins de la chair, qui suppliant d’un cri, éteint son hémisphère, dans l’ombre d’un séant, la voûte de son néant, s’oublie à l’atmosphère et regarde son amant. Dans mes yeux, je le vois, sinistre et bien trop tendre qui, dans l’ombre de son verre, ondoie comme une feuille morte sur la sphère inégale des flots. Sous les rameaux qu’il me tend, les arrachant avec ses dents, il commet un sourire assassin et la procession de le suivre en Italie, à Rome et bien ailleurs aussi, dans les palaces du Quattrocento et chaque instant, chaque instant qu’il t’accorde est un répit à l’art dont il annule les beautés et vertus par sa seule présence car dans Tes yeux il est tout à cet instant même où il n’est plus exactement lui-même mais seulement dans tes yeux un reflet, celui de l’image qu’il se donne. Je sais que tu me comprends, que ces énigmes-là te sont familières mais cependant formulées par mes mots, mon langage, mes symboles, cela même qui te perd, tout comme la découverte d’une nouvelle chair inattendue et pire encore si celle-ci émerge à tes côtes dans le matin blême et que de tes mains, tu la touches une seconde fois et la redécouvres et tu dis alors que, souvent, l’anathème est quelque chose de délicieux, lors même que les frontières, nous nous les imposons souvent, parfois. Et tu te ris de ces évidences, devant ta glace.
Extrait du recueil Les Corps Cendrés :
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