J’aurais pu rester des heures devant ces jardins immaculés, à écouter la rumeur du vent, longer le fleuve, jusqu’à atteindre les chevaux, et l’Immensité, pour enfin poser mon corps vide et solitaire contre l’écorce d’un arbre, et l’y laisser gésir jusqu’à la nuit tombée, en faisant fi du verre noirci derrière lequel je dissimule mon âme.
– Ad vitam.
Est apparu, cependant, une sorte de prince au pull échancré, avec qui j’ai partagé un cornet, monnayé par un homme canin, au loin de sa camionnette et blanche et sale et vide, Prince qui m’a dit, dans un estaminet, et contre toute attente : j’ai envie de t’embrasser. Alors, il m’a gavé de gris-gris, de doux baisers, aériens et limpides, moi qui souriais bêtement, suspendu, hébété, devant la porcelaine bleue de ses yeux rieurs, jusqu’à m’y perdre aussi.
– Et il en fut ainsi.
Alors, il m’a conduit par la nuit, au loin du symposium exquis, jusqu’aux portes d’un Orphelinat, par delà des ponts où ricochèrent nos pas, pour me recueillir, au milieu d’une jungle saisissante, sur un drapé mauve où nous nous sommes fondu ; nous avions chacun, dans une main, un calice de rose, de l’autre, nous caressâmes avec langueur nos corps nus et alanguis, comme suspendus dans la moiteur de cette intimité de souffre – et de fleur.
Extrait des carnets intimes mais non confidentiels Querelle(S) II
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