Gaëlle la Baleine ou le Pouvoir des Mots
J’ai pleinement conscience du pouvoir destructeur de ce journal, de même que tout journal intime dès lorsqu’il sert de confident ou pire : de déversoir. Mais dois-je me taire ? Ce n’est évidemment pas le genre de la maison : le silence n’est pas une option. La diplomatie ? Allons donc, à mon sens, ce n’est qu’un succédané habile, sociétal, voire politique, de l’hypocrisie. Avec émotion, et malice, je me souviens d’une rédaction fort mal notée parmi tant d’autres qui, au collège, avait soulevé un vif débat parmi les enseignants : je m’y moquais ouvertement de mes collègues de classe, en écrivant les péripéties d’une certaine Gaëlle aka Graelle la grosse baleine dans un petit récit ô combien transparent et pas piqué des vers. Esseulée dans son océan, s’ennuyant férocement et à la recherche de conflits, cette créature vipérine payait les autres, pauvres ères stupides et cupides, pour projeter sur eux son maudit jet d’eau, et les noyer. Evidemment, je la punissais comme il se doit, en bon justicier impuissant qui n’a que les mots pour se défendre – et attaquer. Comme je regrette la perte de ces petits écrits criblés de fautes, qu’il me plairait de relire à loisir pour recolorer ces souvenirs ternes d’une enfance scolaire lamentable – et malheureuse.
080714
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