Une Verge dans la Main comme un Révolver
Ma main, moins désireuse que mon esprit de communier, renia l’épais lambeau de chair : c’est un labyrinthe où je peux me perdre qui m’intéresse, un pur dédale et non la facilité séduisante d’un rapport factice, immédiat, avec des hommes qui, s’ils en sont possiblement par la chair sanguine qui déforme la fibre de leurs pantalons, n’en sont pas, n’ayant du sexe que la propension, la peau douce des bébés.
– La peau n’est séduisante qu’accidentée.
Il y a quelque chose qui choque dans le refus quand bien même ton geste est le fait d’une action imposée, tout comme la mise en bec d’une hostie par un curé décati et vicieux, un privilège acquis par un regard mal interprété, un sourire qui ne coûte rien à la mâchoire ; à 23 heures, début de semaine, c’est un drame d’un instant qui se joue au pays exsangue et sulfureux des renifleurs.
– Elle n’est pas assez grosse ?
(Mais si, Kevin, Brandon, Brian, or whatever, ta queue est merveilleuse, c’est la surface qui l’entoure, cette certitude d’être désirable, objet du désir d’autrui, tout comme un sextoy dantesque et rose appelle mamie, sur le papier froissé du catalogue trois vices, qui me plonge dans un profond dégoût mêlé d’envie, une absence totale de fascination ; tout ceci, mon ami, n’est que chair à canon.)
Ou peut-être trop honey ; si ton sommet est celui de la chair, il te sera profitable en tout, un moment. C’est que la vie est merveilleuse, si l’on s’ingénie à trouver le bonheur dans la surface. Moi, petit cœur, j’ai l’habitude des profondeurs, je suis rompu aux eaux troubles mais il m’arrive, parfois, de regarder à la surface, tel un narcisse noyé qui cherche au-delà des eaux celui qui le regarde – et saura lire en lui. Peut-être lui, malgré sa jeunesse éclatante. Mais pas toi.
– Ta verge, dans ma main, c’était comme un révolver. Et je ne veux pas mourir.
Extrait de Querelle(S) III, journaux intimes et non confidentiels.
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