Immobile et Suspendu
Ecriture frileuse du matin, hantise des drames en attente. La maison est calme, tout est ouvert : le vent s’engouffre dans la brèche. La murène semble absente. Des traces de vie, néanmoins, confirment sa présence : cigarette, briquet, tout l’attirail nocif de la destruction. Un avion déchire le ciel. Le café me brûle la gorge. La crainte s’invente, s’invite : des bribes d’histoires remontent, comme cette envie incessante de vomir quand les virages se multiplient à la montagne. Sur quelle note commencera la journée, quand l’inconnu du lac apparaîtra dans mon champ de vision ? Un bruit : la porte s’ouvre. Notre histoire est comme les montagnes russes et je sais mon siège éjectable.
Et bien : erreur. C’est le silence, le silence total, perturbant, qui suppose que la discorde est de ma faute. Monsieur vaque à ses occupations, galope d’une pièce à l’autre avec l’entrain galvaudé d’une ménagère constipée et je suis invisible. Il y a ce proverbe qui dit : au royaume des aveugles les borgnes sont rois. Je suppose que Tirésias serait d’accord.
220614.2
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