Discordance
Quand la dispute éclate, l’amour laisse place à sa siamoise la haine et ce n’est plus l’être aimé que l’on retrouve dans le lit mais une sorte de monstre plus ou moins difforme, dégoûtant, qui partage notre couche. Ses mouvements, ses ronflements, les inflexions mêmes de son sommeil, nous semblent aliénants et multiplient en nous cet énervement constant qu’il est bien difficile, parfois, de réprimer. Le canapé, une breloque d’un inconfort certain, semble plus affable que le possible baiser d’une murène, à l’étouffé. Parfois, il arrive que le désir sexuel intervienne après ces joutes risibles, ces déchirements d’enfants, qu’une poussée de testostérone pousse à la jute, mais ce n’est guère à l’ordre du jour : la lassitude l’emporte, et avec elle, cortège de certitudes. Il est sans doute idiot de persister outre mesure quand, dans un monde plus idéal, mais surtout plus flou, des semblants de sollicitations se dessinent et avec elles, des possibles bien plus alléchants : il existe probablement quelque part, à quelques encablures et montagnes de pixels, des garçons prêts à me comprendre et m’accepter tel que je suis, prêts à m’aimer et m’écouter et ce n’est pas dans ma tombe que je vais les rencontrer.
Si la vie était un cercueil, on aimerait qu’elle soit crypte.
200614
Vous aimerez peut-être :
Bon je ne vais pas y aller de mon énième commentaire sur le fait de s’émanciper, la toxicité des murènes, etc. Juste faire remarquer qu’à certains égards il me semble que toi et moi soyons jumeaux. N’attends pas la tombe.
Quel sublime texte touchant ou discordance et harmonie se défient dans un pancrace sans limite !
Un vainqueur dans cette lutte de sentiments et d’émotions, que tu décris si bien, pourrait-il exister ?
Je pense qu’il faut s’échapper de cette crypte, de ne pas vivre en martyr, car (et cela me fait penser à une citation d’Héraclite), “les contraires s’accordent, la discordance crée la plus belle harmonie: le devenir tout entier est une lutte.”.
Bonne journée Nicolas